• Comme tous les six mois depuis maintenant cinq ans,

    Je retourne faire un check-up à l'Hôpital où une petite mésaventure m'a cloué deux étés durant sur un lit qui sent le formol avec plus de tubes dans les bras que je n'ai de veines.

    Comme à chaque fois, je vais me retrouver au milieu d'une bonne dizaine de patients qui attendent le même examen que moi... Comme à chaque fois, j'aurais la chance de passer parmi les premiers entre les mains d'un professeur qui délivrera sa sentence : "Tout va bien, ménage-toi un peu quand même".

    J'ai tendance à fuir au possible les autres patients qui me bavardent entre eux de leurs séquelles, de leurs souffrances, de leurs ennuis post-opératoires et du temps qui, décidément, n'en fait qu'à sa tête. Il n'y a aucun mépris pour ces personnes qui partagent un événement difficile à vivre, il n'y a même aucun honte à avoir vécu cela. Pourtant je fuis. Je fuis car être dans ces murs avec ces personnes m'est inacceptable. La plupart d'entre eux ont entre 30 et 50 ans de plus que moi mais cela n'explique rien. Ce qui m'est impossible à maîtriser c'est cette image de moi-même qu'ils me projettent, cette douleur qui est là, cette faiblesse qui me ramène tous les six mois ici.

    Pourtant, ironie suprême, la plupart des personnes avec qui je sympathise aujourd'hui me révèlent plus tard qu'elles ont eu-elles aussi d'importants soucis à un moment ou à un autre de leur vie. Comme si les malheurs passés laissaient sur les gens des marques pour qu'ils se reconnaissent et s'attirent irrésistiblement...


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